La société canadienne-française du XIXe siècle a valorisé les hommes forts jusqu’à
en faire un culte; Jos Montferrand passe à la légende aux côtés de Louis Cyr et du
géant Beaupré. De nombreux auteurs canadiens présentent les exploits de Joseph
Montferrand et de ses adversaires. Les exploits de Montferrand sont véhiculés dans
une pièce de théâtre, composée en 1903, dans une dizaine d’articles et de livres et
dans des chansons populaires interprétés par La Bolduc (Mary Travers) et Gilles
Vigneault.
« Voyageur » montréalais, et pugiliste redouté et invaincu, homme fort et figure
légendaire, de son vivant Montferrand est considéré comme un héros national. Tour
à tour charretier, bûcheron, draveur, contremaître, guide de « cages », homme de
confiance des marchands de bois, Jos Montferrand allait pendant une trentaine
d’années mener la vie aventureuse des hommes de chantier dans la vallée de
l’Outaouais.
Ses exploits légendaires ont surtout pour cadre la région frontalière de l’Outaouais,
principalement Hull et Bytown, où le héros défend les Canadiens français contre les
brutalités des Irlandais. Les exploits les plus marquants que la tradition orale semble
lui avoir attribués sont la mise hors de combat des plus célèbres fier-à-bras et boulés
(“bully”) anglais, irlandais, écossais et noirs, la mise en déroute de 150 Shiners sur
le pont de Hull à Bytown, l’estampillage de son talon sur le plafond des tavernes
grâce à une culbute époustouflante, le lever de sa charrue à bout de bras et d’une
seule main.
Les exploits de l’homme fort qu’était Jos Montferrand ont marqué le XIXe siècle tout
autant que la légende de Cadieux l’avait fait pour le XVIIIe, de telle sorte que les
récits les mettant en scène ont été répétés à peu près sans interruption jusqu’à ce
jour.
Fils de François-Joseph Favre dit Montferrand, voyageur, et de Marie-Louise
Couvret, Joseph Montferrand dit Favre est né le 25 octobre 1802 à Montréal. Veuf
de Marie-Anne Trépanier, il épouse Esther Bertrand en secondes noces le 28 mars
1864, qui lui donne un fils posthume, Joseph-Louis. Jos Montferrand meurt à
Montréal le 28 mars 1864.
Orientation bibliographique et repères archivistiques :
Côté, Jean, Jos. Montferrand, le magnifique, Montréal, Éditions Québécor, réédition
(de l’édition de 1980), 1994.
Dufresne, Charles et al., Dictionnaire de l’Amérique française, Ottawa, Les Presses
de l’Université d’Ottawa, 1988, pp. 250-251.
Goyer, Gérard et Jean Hamelin, « Jos Montferrand », dans Dictionnaire
biographique du Canada, vol. IX, pp. 620-623.
Massicotte. Edmond-Zotique, Athlètes canadiens-français. Recueil des exploits de
force, d’endurance, d’agilité, des athlètes et des sportsmen de notre race depuis le
XVIIIe siècle. Biographies. Portraits. Anecdotes. Records. Montréal, Librairie
Beauchemin, 1909.
[Sur Montferrand, voir pp. 77-90].
Montpetit, André-Napoléon, Nos hommes forts […], Québec, 1884.
Pichette, Jean-Pierre, Répertoire ethnologique de l’Ontario français : Guide
bibliographique et inventaire archivistique du folklore franco-ontarien, Ottawa, Les
Presses de l’Université d’Ottawa, Collection Histoire littéraire du Québec et du
Canada français, 1992, pages multiples.
Sulte, Benjamin, Histoire de Jos. Montferrand l’athlète canadien, Nouvelle édition
ornée de nombreuses gravures [Montréal, C.O. Beauchemin, 1899]; édition
antérieure : 1884. Collection Héritage du Québec, Montréal, Les Éditions de
Montréal, Collection « Héritage du Québec », 1975