Personnage semi-légendaire relié à l’histoire de l’Outaouais, voyageur, poète et
guerrier, Cadieux est connu pour avoir écrit sur un morceau d’écorce son « chant de
mort ». C’est sur cette écorce de bouleau qu’il écrit une chanson appelée Complainte
de Cadieux relatant les circonstances de sa mort. Sa complainte deviendra célèbre
parmi les voyageurs.
Il faisait la chasse et la traite de fourrures avec des autochtones pour le compte de
marchand. Vers 1709. Il partit en canot de Témiscamingue et s’arrêta à la pointe sud
de l’île du Grand Calumet au portage des Sept-Chutes. Lui et ses compagnons ne
tardèrent pas à s’apercevoir qu’ils étaient surveillés par des Iroquois, ils devaient
sauter dans les rapides et créer une diversion.
Cadieux, s’adjoignit donc un jeune Algonquin auquel il avait entièrement confiance.
Les canots s’engagèrent donc dans les terribles courants. Hommes et femmes, au
bout de chaque canot, cherchaient à régulariser leurs mouvements et à éviter les
rochers. On s’était recommandé à Sainte-Anne et on priait. « La seule chose que j’ai
vue, de dire la femme de Cadieux, c’est une grande dame blanche qui est apparue
devant nos canots et qui nous a montré la route ». Les canots furent sauvés et en
peu de jours ils se retrouvèrent au lac des Deux-Montagnes.
Qu’advenait-il de Cadieux et du jeune Algonquin pendant ce temps? Ils durent
déjouer les Iroquois avec ruse et hardiesse afin de leur échapper. Malheureusement
le jeune Algonquin y laissa sa vie.
Les Iroquois battirent la forêt pendant trois jours afin de retrouver les traces des
familles, ne pouvant s’imaginer qu’elles avaient pu entreprendre de descendre les
rapides. Cadieux passa alors trois jours et trois nuits sans sommeil et sans repos.
Une dizaine de jours s’étaient écoulés depuis le départ des voyageurs et Cadieux ne
les avait pas encore rejoints. Trois d’entre eux remontèrent donc l’Outaouais. Arrivés
au portage des Sept-Chutes, ils trouvèrent un petit abri qui semblait abandonné et
décidèrent de pousser leurs recherches plus loin. Sur le chemin du retour, ils
aperçurent une croix de bois au bord d’un sentier. Cette croix fut plantée à la tête
d’une fosse dans laquelle gisait le corps de Cadieux à demi recouvert de branches
vertes. Sur la poitrine de ce dernier reposait un large feuillet d’écorce de bouleau
couvert d’écriture.
Cette écorce devait révéler le mystère de sa mort et en expliquer les circonstances.
Épuisé, inquiet et souffrant, Cadieux affaiblissait de jour en jour. Il avait vu et
reconnus ses sauveteurs, mais était resté figé de surprise et d’émotion. Lorsqu’il les
a vus s’éloigner, il perdit tout espoir et se prépara pour sa mort qu’il sentait proche.
Les coureurs de bois ont toujours entretenu une croix de bois sur l’île du Grand
Calumet à la mémoire de Cadieux. Au début du siècle, la croix a été remplacée par
un monument de pierre qui existe toujours.