Lancement du calendrier du patrimoine franco-ontarien
JANVIER :
L’ancienne chapelle du Couvent Notre-Dame-du-Sacré-Coeur Cette ancienne chapelle était située dans le Couvent Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, à Ottawa.
Surnommée communément « le Couvent de la rue Rideau », cette école secondaire de langue française pour filles, dirigée par les Soeurs de la Charité d’Ottawa, ouvre ses portes en 1869. Une grande annexe avec une splendide chapelle, oeuvre de l’abbé Georges Bouillon, y est ajoutée en 1888.
La chapelle au style architectural néo-gothique était superbement décorée, avec un magnifique plafond à voûte en éventail fait de bois et soutenu par de fines colonnes de fer forgé marbré.
Le Couvent de la rue Rideau ferme ses portes en 1969, puis est vendu et un permis de démolition est accordé par la municipalité en 1972. La démolition du couvent provoque un tollé et éveille les consciences à l’importance du patrimoine. Au dernier moment, la chapelle est démantelée entreposée, puis reconstruite à l’intérieur du nouveau Musée des beaux-arts du Canada, ouvert en 1988.
FÉVRIER :
L’ancienne École Guigues L’ancienne École Guigues, à Ottawa, est un haut-lieu de la résistance franco-ontarienne au Règlement 17 et un exemple remarquable de sauvegarde patrimoniale.
À l’automne 1915, les institutrices Diane et Béatrice Desloges refusent de se conformer au Règlement 17, un édit provincial qui rend illégal l’enseignement en français dans les écoles de l’Ontario. Elles sont chassées et bannies de l’École Guigues. Le 7 janvier 1916, des mères d’élèves décident de reprendre l’école munies d’épingles à chapeau. L’épisode devient légendaire.
L’école érigée en 1904-1905 est désignée en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario en 1980, un an après sa fermeture.
Tombée en décrépitude par le début des années 1990, le ROPFO (aujourd’hui RPFO) milite activement pour sa sauvegarde. Après plusieurs années d’efforts acharnés, l’ancienne école est sauvée et devient un centre pour aînés francophones et un immeuble en copropriété.
MARS :
L’église de l’ancienne paroisse de l’Assomption Quatrième église de cette première paroisse de l’Ontario (fondée en 1728), elle a été construite de 1842 à 1845 selon les plans de l’architecte Robert Thomas Elliott. De style néo-gothique, cette église de Windsor se distingue par sa riche décoration intérieure. La chaire en bois, au style classique et au caractère baroque provient de l’église précédente (1787) et des fleurs de lys sur les carreaux de céramique recouvrent le plancher.
Désignée en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario en 1978, la Fiducie du patrimoine ontarien a établi une servitude protectrice du patrimoine sur le bâtiment en 1985. L’église a fermé ses portes en 2014. Son avenir incertain et menacé, elle trônait sur la liste des bâtiments patrimoniaux du Canada en péril. Rouverte en 2019, une importante collecte de fonds et de restauration est en cours.
AVRIL :
La Maison de Théophile Brunelle Cette maison a été construite en 1870 à Lafontaine par Théophile Brunelle. Agriculteur prolifique, il est entré dans la légende pour avoir abattu en 1904 le loup qui terrorisait la localité de Lafontaine et de ses environs.
La maison, construite selon la méthode planche-sur-planche, a un toit en pignon à lucarnes en saillie métallique et est recouverte de briques rouges. La cave, faite de pierre et de mortier, était une chambre froide faite pour entreposer les récoltes. Du papier peint rose au motif style rococo de l’ère victorienne et d’autres effets décoratifs, comme la frise de l’escalier, rendent cette maison unique.
Inscrite au registre du patrimoine de la municipalité du canton de Tiny en 2016, un permis de démolition est néanmoins accordé en 2021. Le RPFO s’est opposé vivement et publiquement à sa démolition.
MAI :
La maison natale des soeurs Dionne Nées le 28 mai 1934 dans le village franco-ontarien de Corbeil, filles d’Elzire Legros et d’Oliva Dionne, Yvonne, Annette, Cécile, Émilie et Marie Dionne sont dès leur naissance les Franco-Ontariennes les plus connues sur la planète.
Ces jumelles identiques, les premières quintuplées au monde, voient le jour dans cette maison en bois équarri et au toit à deux versants, typique de l’architecture canadienne-française vernaculaire.
Leur maison natale fut déménagée de Corbeil à North Bay en 1985 et est devenue un musée de la municipalité dédiée à l’histoire des soeurs Dionne.
Le musée a fermé ses portes en 2015 et a déménagé encore d’emplacement, au centre-ville, en 2017. Il a rouvert en 2019. L’année précédente, le gouvernement fédéral a désigné la naissance des quintuplées Dionne comme événement historique national.
JUIN :
L’ancienne église de l’Annonciation Cette ancienne église, au style néo-romanesque canadien-français, construite en 1905 selon les plans de l’architecte québécois Louis Caron, est située à Pointe-aux-Roches, dans la municipalité de Lakeshore.
Cette église fut avec l’église Saint-Joachim (dans la localité éponyme et dans la même municipalité) au coeur du mouvement SOS-Églises, qui lutta politiquement et juridiquement avec acharnement de 2001 à 2007 pour la préservation patrimoniale de ces deux églises franco-ontariennes du Sud-Ouest de l’Ontario.
Après des années de revendication, une désignation patrimoniale est accordée par la municipalité en 2007 aux deux églises en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario. SOS-Églises s’est mérité le Prix Roger-Bernard remis par le ROPFO (aujourd’hui RPFO) en 2006.
Malheureusement, la municipalité de Lakeshore a accordé un permis de démolition pour l’ancienne église de l’Annonciation en 2022, pourtant désignée en vertu de la Loi. Son avenir est menacé.
JUILLET :
L’ancienne prison de L’Orignal L’ancienne prison de L’Orignal a été construite en pierre en 1824-1825 dans un style architectural néo-classique. Le bâtiment avec sa coupole et son toit orangé, a souvent été agrandi au fil des ans et a servi de lieu d’incarcération jusqu’en 1998.
Elle avait la particularité d’être la seule prison de la province qui fonctionnait en français. Plus ancienne prison de l’Ontario et la deuxième plus ancienne du Canada, le ROPFO (aujourd’hui RPFO) milite avec succès pour sa préservation au moment de sa fermeture. En 2007, elle devient un musée en plus d’être désignée en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario.
À ses côtés, le Palais de justice de L’Orignal, qui est toujours en activité, est le plus ancien en Ontario. Le Comité de l’ancienne prison de L’Orignal a reçu en 2009 le prix Roger-Bernard remis par le ROPFO.
AOÛT :
L’École secondaire de la Huronie Bien que les lois 140 et 141 adoptées en 1968 à l’Assemblée législative de l’Ontario accordaient le droit aux Franco-Ontarien.ne.s d’avoir des écoles secondaires dans leur langue, des conseils scolaires bilingues bafouent ce droit. Une série de crises scolaires éclatera partout en province dès 1971.
Las d’attendre une école secondaire de langue française, les francophones de la région de Penetanguishene fondent leur école secondaire parallèle le 3 septembre 1979. Appelée l’École de la Huronie (ÉSH) et surnommée « l’École de la résistance », 54 étudiant.e.s y sont inscrit.e.s.
Cet ancien bureau de poste, transformé en 1978 en centre culturel francophone, devient le local de l’ÉSH et le quartier général de la lutte scolaire aux proportions médiatiques et politiques nationales.
Aujourd’hui, le bâtiment est encore occupé par plusieurs organismes franco-ontariens de la région de Penetanguishene.
SEPTEMBRE :
L’ancienne Maison franco-ontarienne
Ce bâtiment, qui fut connu sous le nom de Maison franco-ontarienne, a été construit en 1963- 1964 sous la direction de l’ACFÉO (aujourd’hui l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario).
Il a été inauguré en 1964 dans la Basse-Ville Ouest d’Ottawa et succédait à une première Maison franco-ontarienne dans la Basse-Ville Est. La Maison franco-ontarienne regroupait des bureaux et sièges sociaux de nombreux organismes du réseau associatif et communautaire de l’Ontario français.
L’architecte retenu pour dessiner les plans fut choisi suite à un tirage au sort opposant les trois plus grands architectes franco-ontariens d’Ottawa de leur époque : Jean-Serge Le Fort, Roger Thibault et Auguste Martineau. C’est ce dernier qui a été l’heureux élu.
En 1974, le bâtiment est devenu le Haut-Commissariat de Malaisie. Il a été ajouté récemment au registre municipal du patrimoine de la ville d’Ottawa.
OCTOBRE :
La bibliothèque de Vanier Ancien couvent des Soeurs Antoniennes de Marie, ce bâtiment situé dans le secteur Vanier de la ville d’Ottawa est construit en 1951-1952 dans une version réduite mais identique à l’architecture de style Dom Bellot du Scolasticat des Pères Blancs d’Afrique situé à côté, qui datait de 1938.
Le couvent a survécu au pic des démolisseurs et fut transformé en bibliothèque municipale en 1976. Il s’agit d’une admirable réutilisation d’un ancien édifice religieux qui respecte le patrimoine. L’une des premières du genre en Ontario français. Le bâtiment a été désigné en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario en 1997.
La collection de la bibliothèque de Vanier compte le plus grand nombre d’articles en français de la ville d’Ottawa.
L’édifice de la bibliothèque porte aujourd’hui le nom de Gisèle Lalonde (1933-2022).
NOVEMBRE :
Le presbytère de la paroisse Sainte-Anne-des-Pins Construit en 1883 en bois rond, le presbytère à deux étages, aujourd’hui en briques rouges et au toit mansardé, est considéré comme le premier édifice de la ville de Sudbury.
Il a logé la première chapelle du village, a été le domicile des Jésuites, de même que la première école de Sudbury. Il a survécu à deux incendies qui ont ravagé à ses côtés en 1894 et 1990 les deux premières églises de la paroisse Ste-Anne-des-Pins.
Le Carrefour francophone de Sudbury (premier centre culturel de l’Ontario français, fondé en 1950) et le Salon du livre du Grand Sudbury avaient leurs bureaux dans l’ancien presbytère. Le bâtiment, qui est désigné depuis 1981 en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario, est devenu la résidence de l’évêque catholique du diocèse de Sault-Ste-Marie en 2023.
DÉCEMBRE :
La basilique-cathédrale Notre-Dame d’Ottawa
Plus ancienne église de la capitale du Canada, la basilique-cathédrale Notre-Dame d’Ottawa est une oeuvre collective de style néo-gothique construite de 1841 à 1885.
La décoration intérieure a été aménagée sous la direction du prêtre Georges Bouillon, appuyé par une équipe d’artisans, d’ornementistes, d’ébénistes, de menuisiers et de sculpteurs canadiens-français, entre autres Louis-Philippe Hébert, Philippe Pariseau et Flavien Rochon. On y trouve aussi un orgue Casavant et des vitraux exécutés par Guido Nincheri.
Désignée en 1978 en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario, elle est reconnue en 1990 Monument historique national par le gouvernement du Canada.
En 2005, des défenseurs du patrimoine sont montés aux barricades pour empêcher avec succès la modification du sanctuaire. Le Comité de sauvegarde de la cathédrale Notre-Dame d’Ottawa a remporté le Prix Roger-Bernard en 2006, remis par le ROPFO (aujourd’hui RPFO).