Il est né à Sturgeon Falls le 28 juin 1950 et meurt à Sudbury le 23 janvier 1978. Il fait
ses études primaires à Sturgeon Falls et secondaires à l’école secondaire de
Sturgeon Falls et au Collège du Sacré-Cœur de Sudbury (1962-1966). Il poursuit
ses études postsecondaires à l’Université Laurentienne de 1968 à 1972. À l’été de
1970, il fonde avec un groupe d’amis le Théâtre du Nouvel-Ontario. Une fondation a
été créée en son honneur pour promouvoir le développement du théâtre en Ontario
français.
Le nom d’André Paiement sera toujours intimement associé à l’essor de la création
artistique dans le nord de l’Ontario. Natif de Sturgeon Falls, il s’initie aux pratiques
théâtrales au Collège du Sacré-Cœur de Sudbury. À l’Université Laurentienne, où il
s’inscrit à l’École des traducteurs, il se joint à la Troupe universitaire tout comme
bien de ses amis qui constituent la dernière génération de collégiens. C’est l’époque
de la « contre-culture », des cheveux longs, de la contestation. À Sudbury, dans un
nouvel esprit de création, un groupe de « révolutionnaires sereins » désire valoriser
leur expérience de minoritaires, de Franco-Ontariens. Avec les Robert Paquette,
Pierre Germain et Gaston Tremblay, les Thérèse Boutin, Clarissa Lassaline, Denis
St-Jules et Pierre Bélanger, et bien d’autres, André Paiement participe à la création
collective Moé, j’viens du Nord, s’tie ! Le spectacle enchante les jeunes tout en
rebutant plusieurs membres de l’establishment religieux et scolaire. C’était le début
d’une véritable révolution culturelle en Ontario français.
Cette expérience collective sera à la base de toute la démarche artistique d’André
Paiement. Il délaissera l’université pour se consacrer au théâtre et à la musique.
Coup sur coup, la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario (CANO) et le Théâtre
du Nouvel-Ontario seront créés; André est au cœur de ces initiatives déterminantes.
Doué d’un charisme exceptionnel, travaillant avec l’intensité que ses proches
connaissent si bien, il écrit et participe à la création de plusieurs pièces, dont Et le
septième jour…, À mes fils bien-aimés, La vie et les temps de Médéric Boileau et
Lavalléville (« comédie musicale franco-ontarienne »). Cette dernière remporte un
grand succès et assure la consécration du dramaturge André Paiement ainsi que du
TNO. Il signe ensuite une adaptation franco-ontarienne du Malade imaginaire de
Molière, puis se lance corps et âme dans l’aventure de CANO-Musique. Un premier
spectacle à La Slague en décembre 1975 sera suivi d’un contrat de disque pour le
groupe. Coup sur coup, Tous dans l’même bateau et Au Nord de notre vie, ainsi que
deux tournées nationales, portent CANO aux sommets de la musique populaire; la
chanson-titre du deuxième disque sera, selon une critique montréalaise, « une
espèce d’hymne national franco-ontarien ». En janvier 1978, après un spectacle
triomphal au Grand Théâtre de Sudbury, André Paiement met fin à ses jours. Il n’a
pas encore vingt-huit ans.
Il ne fait pas de doute, André Paiement est de ceux et de celles qui ont mis l’Ontario
français au monde sur le plan artistique. Son rôle dans la création du Théâtre du
Nouvel-Ontario a été crucial, au point où son ami Gaston Tremblay l’appelle, tout
simplement, « le père du TNO ». André Paiement a laissé derrière lui une œuvre
encore bien vivante, résolument contemporaine, et qui continue à être des plus
pertinentes. Il a incarné cet esprit de fraternité et de collaboration qui a non
seulement si bien servi les artistes de sa génération, mais qui demeure fondamental
pour toute action concertée dans tous les milieux de la francophonie canadienne.
Dramaturge, comédien, auteur-compositeur et musicien, il a été le compagnon de
route d’un grand nombre d’artistes du théâtre et de la musique. Aujourd’hui disparu,
son œuvre et son inspiration vivront à jamais.
Texte de Robert Dickson
(reproduit avec permission)
Orientation bibliographique sur André Paiement :
Dufresne, Charles et al., Dictionnaire de l’Amérique française : francophonie nord-américaine hors Québec, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1988, p.
273.
Fournier-Thibault, Micheline, André Paiement (1950-1978) : avant tout un homme
de son temps, Sudbury, Prise de parole en collaboration avec l’Institut franco-ontarien, 2004. Collection « Ancrages ».
Tremblay, Gaston, Prendre la parole, Le journal de bord du Grand CANO, Ottawa,
Le Nordir, 1996, 331 p